Asexualidad es otra forma de sexualidad ¿Y por qué no?
L’existence de l'asexualité ne doit pas être niée pour baptiste-battisti , publié le 05/09/2013
L'asexualité: un mot bien mal connu du grand public.
Bastiste Battisti nous parle aujourd'hui de cette façon de pratiquer le sexe
qui n'en est pas une. Explications.
L'asexualité est une chose mal connue, souvent mal
interprétée et considérée comme une maladie.
Vous avez bien lu et je n'ai pas peur de l'écrire:
l'asexualité est une sexualité déviante. C'est une sexualité infréquentable,
une sexualité malsaine. Et c'est à se demander si ce n'est pas déjà un peu
voyou d'aller jusqu'au bout de l'article. Mais continuons, car si l'asexualité
dévie, elle dévie bien par rapport à quelque chose. Et on peut se demander, ce
quelque chose: c'est quoi?
Et ça non plus je n'ai pas peur de l'écrire: c'est la
sexualité elle-même qui est la norme. Notre société commande la sexualité. La
sexualité n'est pas un choix. La sexualité n'est pas une possibilité. La
sexualité: c'est obligatoire.
C'est une notion que la plupart des personnes sexuelles ont
du mal à faire rentrer dans leur tête. Et je comprends bien pourquoi: la norme
vous convient si bien. L'injonction
à la sexualité, vous passez à travers sans même la remarquer. Pourtant, je vous
assure, on vit bien dans une société où on est tous et toutes censés être
sexuels. Et si on n'est pas sexuels, c'est qu'on a un problème. On vit
bien dans une société qui prétend que faire l'expérience de la sexualité, c'est
obligatoire pour se comprendre soi-même, que c'est obligatoire pour avoir des
relations sincères avec les autres.
L'asexualité est souvent présentée comme un
trouble
Et n'allez pas imaginer que je suis fâché de votre bonheur:
je suis très content pour vous. Je suis sûr que la sexualité est une très bonne
chose. Il faut en parler et en parler librement. Je soutiens d'ailleurs toutes
les formes de sexualités consenties (et pas uniquement les formes
d'hétérosexualité les plus consensuelles). Le problème n'est pas là.
Etre asexué c'est quoi?
Le problème, c'est que la sexualité est présentée comme la
façon d'être normale, la façon d'être universelle et socialement désirable. Le
problème, c'est que toute personne est censée être sexuelle tant qu'elle ne
déclare pas le contraire. Le problème, c'est que l'asexualité est présentée
comme un trouble, qui demande des explications, ou même un traitement médical.
Le problème, c'est que la sexualité est associée sans nuance à la nature, à la
santé, et à la liberté. Le problème, c'est que quand on est asexuel, on
s'entend dire que l'asexualité, ce n'est pas naturel, qu'on est sans doute
malade et qu'on ferait bien de consulter.
Toujours
pas convaincu? Je m'étonne. Vous n'avez jamais entendu que le sexe est
ce qu'il y a de plus naturel? Qu'avoir du sexe, c'est comme manger et dormir?
Vous n'avez jamais entendu que les gens en bonne santé ont une bonne sexualité?
Vous n'avez jamais entendu que le sexe est la partie la plus profonde, la plus
authentique de notre existence? Jamais? Je suis sûr que si.
Maintenant faites un tour sur vous même et installez-vous à
notre place. Confortable? Je vous résume le script: "Vous avez toujours été
asexuel. D'aussi loin que vous puissiez vous rappeler, vous n'avez jamais été
attiré sexuellement par quelqu'un. Le désir, c'est comme Les Mystérieuses Cités
d'Or, vous ne savez pas ce que c'est. Ce n'est pas que vous ayez un problème
avec le sexe, c'est juste qu'il n'est pas présent à l'intérieur de vous. Vous vous trouvez très bien comme
ça, mais ce n'est pas tous les jours une sinécure et votre vie n'a pas toujours
été simple". C'est bon, vous êtes à l'aise avec votre nouveau rôle? On
va pouvoir rejouer la scène à l'envers.
Aucune revendication, juste une visibilité
Reprenons, donc. Si la sexualité c'est la santé, alors
l'asexualité c'est le contraire de la santé. Élémentaire, n'est-ce pas? Donc en fait, quand on est asexuel: on est
malade. On a besoin d'être secoué très fort par un médecin ou par un
psychiatre pour être "soigné". Pas vrai? Continuons: si la sexualité
c'est la nature, alors l'asexualité c'est contre-nature. Ce n'est pas un état
normal, ça va contre l'ordre des choses. Et pour finir: si la sexualité c'est
ce qu'il y a en nous de plus profond, de plus vrai, qui sont les asexuels? Sont-ils vides à l'intérieur?
Pourquoi n'arrivent-ils pas à entrer en contact avec leur moi profond? Combien
de temps vont-ils mettre avant de se trouver?
Il est illégitime de nier l'existence des
asexués sous prétexte qu'il s'agit d'une pratique peu courante
Alors, vous allez peut-être me dire que je suis allé trop
loin tout à l'heure. Après tout, la sexualité n'est pas obligatoire. La société
ne commande pas d'être sexuel. On peut très bien être asexuel. Il faut juste
d'accepter la punition: l'asexualité est contre-nature. La plupart des
personnes asexuelles sont malades et les autres ne se disent asexuelles que
parce qu'elles sont confuses à propos d'elles-mêmes. A chaque norme sa
sanction.
Quelques mots pour conclure. Le 26 avril, c'était la journée
de l'asexualité et pour l'occasion j'ai parlé avec un certain nombre de
journalistes qui avaient à peu près tous la même question: "Mais qu'est-ce
que vous revendiquez?", "que vous apportera la reconnaissance?",
"pourquoi voulez-vous parler d'asexualité?" Et jusqu'à présent,
j'avais du mal à être parfaitement clair sur ce sujet.
Mais à partir de maintenant, je crois savoir comment leur
répondre. Je vais leur dire: nous sommes bien conscients que l'asexualité est
une chose peu courante. Nous sommes bien conscients que statistiquement
parlant, nous ne valons pas grand chose. Nous sommes à peine 1% de la
population. Mais la question qui se pose n'est pas celle-là. La question qui se
pose est: est-il légitime, sous prétexte que nous sommes peu nombreux, de nous
dénigrer, de nous ridiculiser, de nous invisibiliser? Est-il légitime, parce
que l'asexualité est peu courante, de nier son existence, sa valeur ou sa légitimité?
Et à cette question nous répondons: non.
Twitter : @asexu
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